Une giboulée me réveille ce premier jour de mars. Les grêles giflent la fenêtre de toît au-dessus de mon lit. Pas une étoile visible, juste la vélocité des nuages dans le rayon régulier du phare. Je prends un de mes livre de chevet pour retrouver le sommeil ou fuir la pensée pesante que ce dimanche sera gris.
Cette semaine, une idée a cherché à émerger. Elle est revenue lancinante. Elle est revenue dans les paroles échangées avec ceux que j’accompagne. Elle est revenue dans les articles partagés par mes amis. Elle est revenue, jamais aboutie, comme un dialogue intérieur, tel un kôan*.
En écrivant pour vous, elle revient encore, sonnant dans ce poème :
Il pleure dans mon coeur
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
Je trouve dans ces mots de Verlaine, la couleur de ce que je vis profondément : Une langueur, un vide là où rien ne manque. Je m'arrête. Je respire. Je me pose. Je dépose. Ne rien faire maintenant. Attendre. Respirer toujours. Atteindre le centre, le coeur, l’oeil du cyclone.
Là s’éclaire le kôan sans y penser :
“Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as.”
J’ouvre les yeux. Le soleil brille dans une splendide trouée bleue. Mon plus jeune veut un renard avec la queue blanche. De la musique glisse dans l’escalier. La cuisine sent le café. Tout est là.
*Le kôan est un objet de méditation, une brève anecdote ou un court échange entre un maître et son disciple, absurde, énigmatique ou paradoxal. Le kôan ne peut être résolu de manière intellectuelle. Le méditant doit délaisser son appréhension habituelle des phénomènes pour se laisser pénétrer par une autre forme de connaissance intuitive.
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